Pourquoi une antenne du Collège de France sur le Technopôle Arbois-Méditerranée ? Tout a commencé au début des années 90 avec la volonté de créer le CEREGE, Centre d’enseignement et de recherche en géosciences de l’environnement. « Daniel Nahon, son fondateur a convaincu quelques jeunes chercheurs comme moi de quitter Paris et rejoindre Marseille, puis Aix pour créer ce pôle de spécialistes en sciences de l’environnement», explique Edouard BARD, aujourd’hui professeur au Collège de France, titulaire de la chaire de l’évolution du climat et de l’océan, et membre de l’Académie des Sciences. Quelques années après son recrutement en 1991 comme professeur de l’université Paul Cézanne, son équipe migre de Marseille vers Aix en 1995 et participe à la création du CEREGE : « il y avait peu de sciences dites « exactes » à Aix, nous avons investi un territoire occupé depuis 600 ans par les sciences humaines et sociales ! ». Rappelons qu’une chaire du Collège de France nait avec une personnalité et un projet. Après avoir élu Edouard BARD en 2001, le Collège lui donne carte blanche pour poursuivre ses recherches sur le Technopôle de l’Arbois. « Collège de toute la France et pas seulement de Paris», comme le souligne ce dernier, l’antenne aixoise nait peu après son élection. Le prestige de la vénérable institution créée sous François 1er vient enrichir l’expertise et la renommée du Technopôle. Les professeurs du Collège de France – anciens « lecteurs du roi » – donnent aussi des enseignements sous forme de nombreuses conférences renouvelées chaque année à Paris, en Province et à l’étranger.
Dater, comprendre, expliquer
Ici, la recherche se penche sur les changements climatiques à long terme, en particulier l’impact de l’océan sur le climat et vice versa. En 2011, c’est Edouard BARD qui a offert à l’Université d’Aix-Marseille une belle réussite en coordonnant le projet d’équipement d’excellence « ASTER-CEREGE » dans le cadre des Investissements d’avenir. Ce financement de 3, 7 millions d’euros doit servir à l’acquisition et au fonctionnement de trois nouveaux instruments de géochimie: un spectromètre de masse par accélérateur dédié à la mesure du carbone 14 de microéchantillons gazeux et solide, un spectromètre de masse à source plasma et multicollecteur, et enfin une source d’ions plus performante pour l’accélérateur ASTERisques de 5 MV déjà présent sur le technopôle.
Dater, comprendre, expliquer, anticiper. C’est le rôle du carbone 14 auquel le premier instrument sera dédié. Il permettra aux chercheurs de mieux comprendre le cycle du carbone, notamment les échanges de CO2 entre l’atmosphère, l’océan, la végétation et les sols. Le Technopôle entreprend des travaux d’agrandissement du Trocadéro, bâtiment accueillant l’antenne du Collège de France, afin de pouvoir installer le nouvel accélérateur. Edouard Bard se réjouit « En moins de 20 ans, la géochimie d’Aix-Marseille a acquis une notoriété internationale attirant les plus grands experts du monde scientifique». Comme un aimant, le Technopôle de l’Environnement Arbois-Méditerranée séduit aussi les entreprises. Aujourd’hui, il ne cesse d’étoffer son offre autour des sciences de la terre, de l’environnement et du développement durable, ce qui en fait un campus de référence au niveau mondial.
